Ici, vous trouverez Trio, un roman de Xan, qui fut publié entre janvier et mars 2010 sur www.xantate.com


mercredi 20 janvier 2010

Trio - Chapitre 1

  Et voilà, en route pour le premier chapitre! Si vous avez aimé le prologue, accrochez-vous!



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  J'ai toujours aimé cette ville, depuis tout petit, lorsque mes parents étaient encore avec nous. Ils nous emmenaient au marché, ils nous emmenaient dans la forêt, ils nous emmenaient nous baigner au lac. Nous étions une grande famille, pas très bruyante, mais tout le monde nous connaissait, nous saluait. Évidement, dans les premières années, un enfant ne comprend pas, ne voit pas. Ce n'est que lorsque j'ai eu une dizaine d'année, que j'ai réalisé l'importance de notre statut. Nous étions privilégiés, c'est une certitude, et c'est encore le cas aujourd'hui.
  Cette ville est belle, ses habitants ont toujours été aimables, les saisons froides, douces ou chaudes, propice à l'agriculture. Depuis le toit de notre maison, je domine le bout de vallée où elle se loge, et les lumières naissantes du soleil sont aussi revigorantes qu'un bain dans le lac glacé. Nous sommes assis en silence, ma soeur, mon frère et moi-même. Fiana, Jiono et Dirac. Des triplés. Nous suivons toujours le conseil primordial que nous avait donné nos parents, profiter de l'aube, accepter le soleil comme une force, et s'en imprégner chaque matin pour nourrir la journée. Nos parents avaient une facette mystique qu'aucune autre famille ne comprenait. Mais ils étaient respectés pour ça, évidement. Pour moi, me lever avec le soleil est une discipline de vie, un équilibre mental et physique. Nécessaire.
  Je suis le plus jeune, même si à peu de chose près. Notre soeur est l'aînée. Mais nous héritons de la maison à part égale, nos parents l'avaient prévu. Nous sommes les derniers héritiers de l'école de combat Gina. Un nom qui n'impressionne pas beaucoup, c'est certain. Mais il cache un art martial, de technique à mains nues, d'une efficacité et d'un danger extrême. Les légendes veulent que des armées furent stoppées aux portes de la ville par nos ancêtres, une poigné de guerriers. C'est une époque bien ancienne maintenant, notre ville n'a plus aucun intérêt pour qui que ce soit si ce n'est ses habitants, et notre art est passé de mode, les armes d'acier étant bien plus séduisantes.
  Sans un bruit, Fiana se lève. Comme tous les jours, elle quitte la première notre toit. Elle s'entraîne seule, deux heures, puis accueille le premier groupe de personnes qui viennent apprendre l'art de notre école. Jiono prend le groupe suivant, après le repas du midi, et je m'occupe du groupe du soir. Comme à mon habitude, je reste une heure de plus seul sur le toit, alors que le soleil s'élève lentement. Je profite de ce moment de calme pour être en paix, pour méditer. Je ne cherche pas de réponse: je n'ai pas de question à poser. Mais c'est un moment de calme, qui apaise mes pensées, mes envies de violence.
  Des triplés, je suis le plus fort. Je l'ai toujours été. Je suis capable de les vaincre s'ils m'attaquent tous les deux simultanément. J'ai en moi une fureur qui ne demande qu'à s'exprimer, qui a une vie propre. Ma mère me l'a expliqué lorsque je fus en âge de comprendre. L'école Gina venait de son côté de la famille. Elle m'a expliqué qu'elle était désormais la seule, mais qu'elle avait eu un frère. Ce frère avait été comme moi, il avait été plus fort que tous, mais il s'était laissé dévoré par cette force, ne se rendant pas compte qu'il pervertissait l'école, qu'il provoquait des souffrances. Il était parti un jour, et n'était revenu que quatre années plus tard. Il avait changé, avait vu le monde, avait commis des actes inavouables. Et n'en ressentait pas de remords. Il était revenu pour prendre la tête de l'école, et la diriger sans partage. Leurs parents avaient agi, et ils les avaient tués, au terme d'un affrontement cruel. Sa soeur s'était alors opposée à lui, et lui affaibli par son précédent affrontement, elle avait vaincu et avait été contrainte de le tuer. J'avais écouté cette histoire avec attention... Ma mère ne m'en avait pas dit plus.
  Au bout de quelques jours, j'ai commencé à douter de ce qu'elle m'avait dit, et j'ai fini par rejeter l'histoire complètement. Mais, une bonne année plus tard,  j'ai commencé à ressentir un sentiment étrange, à la fois dans ma tête et dans mon ventre. Je savais que j'étais le plus fort, et je ressentais une frustration de ne pas avoir un adversaire en face de moi, quelqu'un qui saurait me faire ressentir une excitation spécifique, une exaltation de tous mes sens. A onze ans, je me suis présenté devant mon père et je l'ai attaqué. Je n'ai pas réalisé l'étendue de mon acte. Il nous avait déjà entraîné, évidement, mais là je voulais un vrai combat. Et je pensais pouvoir lui tenir tête. Il m'a affronté avec autant de sérieux que s'il s'agissait d'un adversaire adulte. Je me suis réveillé deux jours plus tard, et je n'ai pu quitter le lit que dix jours après ça. Mon premier geste fut d'aller lui présenter mes excuses, et d'accepter qu'il me prenne dans ses bras. Le second, fut d'aller voir ma mère pour qu'elle m'aide à surmonter ma violence, pour que je n'agisse plus jamais comme je l'avais fait, et que le destin de mon oncle ne soit pas le mien. J'en étais terrifié. La méditation quotidienne est l'un des exercices qu'elle m'a enseigné. Je lui serais éternellement reconnaissant pour ça. Et à mon père pour ne pas m'avoir épargné ce jour là.
  Le reste de la matinée est simple pour moi, je cours, je m'entraîne en solitaire, et j'aide Elto, l'homme qui s'occupe de la maison, dans ses tâches.



  Lorsque mon cours se termine, la nuit tombe presque. Je sors une dernière fois pour gagner le lac, et m'y baigner lorsque le ciel est sombre. Parfois, j'y retrouve certains amis, mais ce soir, je suis seul. Je nage, autant pour me soulager les muscles que pour me laver. Le lac est grand, plus grand qu'il ne serait nécessaire, et l'eau fraîche est un bonheur. Je sais que je ne suis plus seul lorsque j'entends quelqu'un plonger de l'autre côté du lac, devant moi. C'est relativement rare, les personnes qui viennent ici en soirée. Je continue à nager dans la direction. Et... Plongé dans mes pensées, je ne fais pas attention, et je cogne quelque chose. Pour être tout à fait précis. Mon crâne cogne un autre crâne.
  _ Ouch!
  Ca, c'est moi.
  _ Oucha!
  Ca, c'est une voix de femme.
  _ Fais donc attention où tu vas, bonhomme!
  Sonné, je mets quelques secondes à focaliser sur elle. La nuit est posée, mais il reste assez de lumière ambiante pour voir, une fois habitué. Une chose est sure, je ne la connais pas.
  _ Désolé... J'étais pas concentré sur... L'eau...
  _ Je peux le sentir oui! Moi aussi...
  Elle a les cheveux court, brun je crois, les yeux clairs, un visage jeune, sans doute le même âge que moi. Elle est belle.
  _ Je ne t'ai jamais vue ici, tu viens souvent te baigner au lac?
  Je ne sais pas ce que j'ai dit de drôle, mais je la vois rougir, s'enfoncer dans l'eau, suffisamment pour en avaler, puis remonter en toussant. Je lui attrape un bras pour l'aider à ne pas se noyer pour de bon.
  _ Qu'est-ce que j'ai dit?
  Elle me regarde en souriant, visiblement soulagée de ne pas avoir coulée. Elle reprend son souffle avant de me répondre.
  _ Non, c'est juste que ce n'est pas une phrase que je me serais attendue à entendre ici. Mais non, c'est la première fois que je viens ici. Ma famille vient d'arriver. Dès que j'ai vu qu'il y avait un lac, je n'avais qu'une seule envie, y plonger!
  _ Bienvenue à toi. Je m'appelle Dirac.
  _ Merci pour l'accueil. Je m'appelle Alnia.
  Je ne sais pas du tout quoi dire de plus, mais le silence n'a pas le temps de devenir oppressant. Un cri, non, plutôt un hurlement de peur s'est répandu sur le lac, en provenance de la ville. Aussitôt, Alnia cria à son tour, même si plus par surprise. Moi, j'ai la chair de poule. Je m'élance aussi vite que je peux nager vers la rive. Le hurlement cesse, mais dans l'air reste une tension. Mes yeux me brûlent de recevoir tant d'eau. J'émerge juste après Alnia, que je n'avais pas vu passer devant moi. Je ne la connais pas, mais elle sait nager, ça c'est sûr! Ses vêtements légers lui collent à la peau, et pour ma part, je suis torse nu, un pantalon coupé au dessus du genoux comme simple protection. Mes vêtements, mes chaussures, sont sur l'autre rive. A pleine vitesse, je m'élance dans la ville. Quelques soient mes aptitudes physiques, elle y répond par les siennes. Presque coude à coude, nous voyons des torches s'agiter devant nous, et à demi essoufflés, nous arrivons devant un attroupement.
  Je n'ai pas d'autorité dans cette ville, un simple respect ne confère pas de pouvoir spécifique. Cela dit, lorsque je joue des coudes, les gens s'écartent. Oui, aussi, je suis à moitié nu et trempé. Alnia est sur mes talons cette fois. L'objet de l'attroupement se trouve au pied d'une maison, adossé à l'un de ses murs. Un homme. Je crois. Livide, mort, sans aucun doute, une marre de sang tout autour de lui... La tête couchée sur le côté, presque séparée de sa nuque. Un silence de mort règne. Cela n'a rien d'étonnant. Je regarde tout autour, mais je ne vois aucun signe d'un éventuel agresseur.
  Quelques instants passent avant que d'autres personnes arrivent. Je me recule pour laisser passer une partie des membres du conseil de la ville. Alnia à côté de moi a perdu le peu de couleur qu'elle avait. D'un coup, elle frissonne et s'entoure de ses bras. D'un oeil, je vois que ma soeur vient d'arriver. J'attrape la main d'Alnia et l'entraîne dans la foule, pour rebrousser chemin.
  _ Viens, tu vas attraper froid... Nous ne pouvons rien faire ici.
  Elle me suit, en silence, et au bout d'un moment, je relâche sa main. Nous regagnons le lac, en silence. Ou presque.
  _ C'est un mauvais cadeau d'arrivée pour toi...
  Elle ne me regarde pas, je suis pas certain qu'elle m'ait entendu.
  _ Un de plus...
  Un de plus? Tout d'un coup, elle se tourne vers moi, comme si elle venait de se rendre compte de ma présence, et de ce qu'elle venait de dire. Elle lève une main vers moi, mais s'écarte aussitôt.
  _ Ne fais pas attention...
  Elle se met à courir, me laissant planter derrière. Elle court avec une souplesse que j'ai rarement vu... Je ne sais pas encore qui elle est, mais avec ce qu'elle vient de dire, devrais-je l'associer d'une manière ou d'une autre à ce qu'il vient de se passer? Il n'y a jamais de meurtre chez nous, des accidents bien sûr, mais... Il faut que j'en apprenne plus. Fiana pourra me dire ce qu'il s'est passé. Je retourne au lac chercher mes vêtements. Lorsque j'y arrive, je ne vois Alnia nulle part.


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Alors, alors, alors?

Introduction de cinq personnages, on pose un mort, plus un peu de background familial, c'est pas mal non?

Xan

4 commentaires:

  1. j'aime bien, cela dit je trouve que tu vas un peu vite, mais y'a pas mal de mystère et j'adore le mystère ^^

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  2. Hmmmm gay pas gay ? That is the question o_ô'
    en tout cas l'ambiance est bien intégrer !
    * veux du gay*

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  3. Coucou ! Alors, je suis pas d'accord, ce n'est pas du tout trop rapide, au contraire, tu nous mets l'eau à la bouche! J'aime beaucoup le personnage principal, Dirac (j'ai beaucoup de mal à retenir les noms -_-'), il a un côté mature et son histoire le rend encore plus sombre et plus attirant (pour ma part). ça me fait penser au prologue si son côté obscur a quelque chose à voir la mort de ses frère et soeur ou tout simplement si c'est l'intrigue qui aboutit.

    D'après ce que Gaby m'a dit, y aura pas de gay, ça me dérange pas, au contraire! Un peu de sang rais(c'estle cas de le dire) ça fait du bien!

    Sinon, pour répondre à tes commentaires qui m'ont surprise et fait très plaisir, c'est un peu des deux. Une grosse partie du début de l'histoire était planifiée, disons toute la partie qui permet de se faire une idée plus approfondie sur le caractère du héros, le reste de l'intrigue a mis plus de temps à se paufiner. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai mis autant de temps à la finir.

    Je suis également d'accord avec ta remarque concernant la première personne : oui, c'est difficile de se détacher du héros mais c'est bien pour ça que j'écris à la première personne, j'ai besoin de m'intégrer complètement au personnage pour aimer une histoire ! J'ai souvent envisagé d'écrire à la troisième personne pour avoir un style plus classique mais je trouve que c'est beaucoup moins personnel.

    Voilà, j'arrêt de blablater et je me précipite sur le chapitre 2! Merci encore d'être passé. Je me suis permise de répondre ici parce que normalement, je réponds aux com au prochain chapitre mais vu que l'histoire est terminée.

    Bisous.

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  4. HOLYBELL

    Bon ça m'embête tout ça, je déteste faire trop de compliments, je trouve ça anti productif, mais en même temps, je suis toujours agréablement surprise de me retrouvée happée dans tes textes.

    Histoire d'éviter de trop encenser je dirai simplement que la construction prologue qui annonce la fin avec l'aube, mis en parallèle avec la méditation matinale dont on sait que le sens va évoluer vers le prologue (hein comment ca pas claire ma phrase ? - je me comprends :p) rend bien. C'est d'un bel effet. Et on accroche toujours autant...

    A voir la suite !

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