Ici, vous trouverez Trio, un roman de Xan, qui fut publié entre janvier et mars 2010 sur www.xantate.com


mardi 2 février 2010

Trio - Prologue



  C'est le second lever de soleil que je vois aujourd'hui. Dans mon dos, tout est obscur, je suis sûr que l'on peut encore apercevoir quelques étoiles, ou du moins s'en convaincre. Et à l'horizon, tout là-bas, la lumière se propage. Certains comparent ça à un incendie, à moins que ce ne soit le crépuscule, je ne sais plus. Le fait est que cela n'a pas le côté fascinant des flammes. C'est une beauté écrasante, que l'on pense pouvoir attraper en tendant la main mais qui n'a pas conscience de notre existence. Il est bien plus facile de se laisser berner par le côté violent des flammes que par la richesse d'une aube.
Mais je m'égare. Mon second levé de soleil, oui. Cela n'a rien de bizarre. Je considère qu'une journée se termine lorsque je m'endors. Et je n'ai pas dormi depuis tellement longtemps... Au bout d'un moment on perd ses repères. L'aube précédente était tout aussi belle. Comme à mon habitude je la contemplais sur le toit de ma chambre, dominant une partie de la vieille ville. Je n'étais pas seul, tout comme maintenant.
_ Nous y sommes presque...
Ma voix est lasse d'une double fatigue, je la reconnais à peine. Je voudrais dormir, ou plus encore, me rouler en boule dans un coin sombre et m'abandonner complètement à ma tristesse.
_ J'ai mal...
Je ne le regarde pas, je n'ai pas envie de le regarder. Pour ne pas quitter le soleil émergeant des yeux? Non, parce que je n'ai pas envie de voir son visage. Oui, parce que lorsque la lumière sera trop forte et que je devrais détourner le regard, je serais à nouveau seul sur ce toit. Le démon qui a l'aspect de mon frêre, qui l'a perverti en y plantant ses racines, sera détruit pour de bon.
_ Quelques instants encore, mon frère.
Mon frère, mon visage, quelques blessures en plus et les larmes en moins. Oui, je pleure, et la fatigue n'est qu'un catalyseur.
Il se débat contre moi et je dois resserrer ma prise autour de son cou. Mes bras faiblissent et le poids de mon corps le maintenant à genoux est le dernier rempart qu'il me reste. Il ne le sait pas, sinon il luterait pour se dégager. Ou peut-être qu'il en a conscience, mais que dans un dernier éclair de raison humaine il retient son démon. Déjà je sens son corps chauffer. Si je reste contre lui vais-je moi aussi m'enflammer et disparaître en cendres?
_ Je suis désolé...
Ses mots sonnent étrangement dans le silence matinal. J'y crois, la question ne se pose même pas.
_ Je sais.
Il est brûlant, et mes paupières sont plissées face à la luminosité. Mes bras bougent tout seul, et mon corps perd son équilibre. Je m'effondre dans des cendres qui coulent sur la pente du toit, avant de tomber ou s'envoler ailleurs.
Que me reste-t-il ici? Mon jumeau est mort aujourd'hui, son démon vient de partir, emportant avec lui les traces de son existence. Notre jumelle est morte elle aussi, un peu plus tôt.
Le soleil est haut déjà lorsque je me relève. Dormir pour le moment, en cet endroit, n'est pas possible. Je ne m'approche pas du bord. Je sais que si je regarde en bas, je me laisserais tomber. De la hauteur du manoir, pour un objectif bien précis. Mais ce n'est pas acceptable, d'aucune manière.
Je reviens sur mes pas, passant par une petite trappe servant de fenêtre au grenier. J'ai peur de descendre d'un étage et d'y découvrir les autres, morts. Je ne vois pas comment ils auraient pu survivre.
Je me sentais pourtant tellement bien au début de cette journée...



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Et voilà un prologue de fait... Ça sent le flash-back hein?

Xan

3 commentaires:

  1. Bah, voilà, moi, je suis une lectrice sage qui obéit aux auteurs (Gabie, en l'occurence) et bah, verdict??? Youhou, ça a l'air super, tout ça!!

    Au début, j'avoue que j'étais un petit peu perdue mais là, je laisse un com pour la forme parce je trépigne d'impatience d'aller lire la suite (oui, je sais, je dois finir ma dissert', elle me laisse aucune minute de répit, cette foutue conscience)et que ça m'en empêche !

    Style simple mais fluide, pas de faute d'orthographe(ah, si, fais gaffe, c'est lever avec "er" et pas "é", une faute dès le premier mot, ça le fout mal, m'enfin, y en qui font largement pire) et une fin plus que de suspens! Et un chapitre court qui donne envie de lire (même si, après, une fois qu'on a accroché, ça se retourne contre nous parce qu'on a l'impression qu'il est TROP court justement (oui, oui, on n'est jamais contents mais ça c'est normal).

    J'arrête de blablater (quoi ? J'ai bcp causé pour quelqu'un qui était pressée, et alors ? tais-toi, foutue conscience, je sais qu'il m'aime, niark) et je vais lire la suite (après avoir rédigé mon B du I, ouais, j'ai encore du boulot...)

    PS : non, je ne suis pas folle, juste un petit peu, quoi ^^

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  2. Ben moi j'ai fait comme Lilly, j'ai fait confiance à Gabie X]
    J'ai pas trop le temps de tout lire tout de suite mais en tout cas j'aime beaucoup ton prologue donc je viendrais lire la suite ça c'est sûr ^^ (de toute façon Gabie elle a bon goût xD)
    Original en tout cas je me demande ce que donne la suite!

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  3. HOLYBELL

    Très agréable surprise que ce prologue. Généralement on se retrouve face à un morceau de texte sans rôle précis qui ne fait qu'allonger l'attente du lecteur avant d'entrer dans le vif du sujet, mais là celui-ci parvient à poser en quelques secondes l'atmosphère, les personnages, l'ambiance et à nous y faire entrer/adhérer. Il parait que c'est ce qu'il y a de plus difficile à faire en si peu de mots. Chapeau bas donc, parce qu'on accroche vite et bien.

    Qui plus est, pour l'aube on pouvait craindre là aussi un lieu commun, juste pour commencer sur un paysage, pour insérer le personnage, mais là encore elle joue un rôle (mise à mort du frère). Bien vu, très attachant ! Et prometteur pour la suite.

    Petite note cependant sur les sautes de niveau de langage (à mon avis, après à relativiser, ca reste subjectif) qui peuvent perturber la lecture parce qu'elles ne servent pas une fin narrative (comme un langage soutenu en narration, et oral/vulgaire par exemple pour les dialogues) mais interviennent parfois au milieu de la narration ou du dialogue sans raison apparente.

    Bonne surprise donc, et hâte de lire la suite :). Bien contourné les pièges et exploité ce prologue. Il est très attachant (comment ça j'ai beaucoup d'aprioris littéraires ;p ?).

    Courage pour la suite !

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