Ici, vous trouverez Trio, un roman de Xan, qui fut publié entre janvier et mars 2010 sur www.xantate.com


jeudi 4 février 2010

Trio - Chapitre 4

 Un chapitre 4 qui s'est fait attendre, mais ne vous inquiétez pas, l'inspiration est toujours là!


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  Lorsque le ciel commence à s'éclaircir, je suis assis sur mon toit, enroulé dans une couverture. J'ai passé le reste de la nuit ici, ne voulant pas me retrouver enfermé dans une pièce close. J'ai vaguement essayé de me justifier à moi-même en prenant l'excuse que je guettais la créature, mais au bout de quelques heures, le masque est tombé. J'avais simplement peur, et je n'ai pas à en avoir honte.
  Ma tête est douloureuse. Elto m'a aidé lorsque je suis rentré. Il a contrôlé la plaie, a versé de l'alcool directement dessus et m'a fait comprendre que je ne devais pas m'inquiéter. Cela n'empêche pas que la douleur est très désagréable, je ne peux pas bouger les muscles du visage sans sentir une déchirure dans mon cuir chevelu. Un peu plus, et ma joue, ou mon œil auraient pu être touchés.
  Ma sœur me rejoint en premier, suivie de peu par notre frère. Ils me regardent mais je ne dis rien pendant un long moment, jusqu'à ce que le soleil soit apparu et qu'il ait lavé quelques douleurs de la veille. Alors que ma sœur est sur le point de partir, je commence à leur expliquer ce qui est arrivé hier, la créature, sa force et sa fureur, la femme morte, dont j'ignore encore l'identité, la personne inconnue qui est intervenue, et qui m'a sans aucun doute sauvé la vie, et puis ses paroles.
  _ Si cette femme connait la créature, il faut l'identifier. Si elle prétend que tu n'es pas assez fort pour la vaincre, que cela soit vrai ou non, la ville court un réel danger. Nous ne devons pas prendre de risque. Il nous faut intervenir tous les trois.
  Les paroles de Jiono sont pleines d'assurance, et de fierté. Notre famille a toujours veillé sur cette ville, qui ne possède pas d'armée, par manque de véritable agresseur. Notre génération n'a jamais encore été amenée à la défendre, mais nos parents, et nos ancêtres, ont toujours fait barrage. Deux morts en deux jours, et c'est notre conscience qui est attaquée.
  _ Une force maléfique, qui n'existe pas dans notre région. Un apport extérieur...
  Fiana reste discrète, elle exprime ses parcelles d'idées comme les gouttes d'eau s'infiltrant à travers une toiture lors d'un orage. On entend la pluie frapper au dessus de nous, mais on ne peut voir qu'une fraction du déchainement des éléments.
  _ Peut-être... Quelqu'un aurait-il amené ce maléfice? La femme mystérieuse?
  J'enchaine, alors que mes paupières veulent se fermer.
  _ Nous n'avons rien que d'autres pourraient désirer. La violence serait-elle le seul motif?
  _ La faim...
  Serait-ce vrai? Un démon mangeur de chair, dévoreur d'âme, comme dans certaines histoires imaginaires que l'on conte aux enfants déjà grands?
  _ On vient nous rendre visite...
  C'est notre frère qui les a vus en premier.
  Grimpant les escaliers vers notre demeure, trois hommes avancent. D'ici, on ne peut savoir avec exactitude, mais leurs cheveux blancs, leur démarche nous fait comprendre qu'il s'agit d'anciens, sans doute des membres du conseil de la ville.
  Il n'est pas difficile de deviner la raison de leur venue.

  Le temps que nous soyons présentables, et que nous descendons des étages, Elto fait patienter les trois hommes dans le grand salon, très peu utilisé. La rencontre n'est pas formelle, mais une tension dans l'air officialise quelque peu la situation.
  Les regards des trois hommes se posent immédiatement sur moi, et ma blessure. Une suspicion colore leurs yeux. Je sais ce dont il s'agit et ne laisse pas la situation perdurer.
  _ J'étais hier au lac, lorsque la femme est morte. J'ai combattu la créature et elle m'a blessé.
  Deux des hommes, les plus jeunes, ne me quittent  toujours pas du regard, comme si j'allais leur sauter dessus pour les dévorer. Le troisième, plus vieux encore, au visage creusé de rides, se relaxe à mes paroles, et intervient auprès de ses collègues.
  _ Ne mettez pas en doute ses paroles, sa famille est pure. Rien n'avancera si nous doutons les uns des autres!
  Sa voix est pleine d'autorité, et efficace. Les deux hommes détournent les yeux.
  _ Nous n'avons pas retrouvé le corps de la créature... Où se trouve-t-il?
  Je secoue la tête. Ils ont trop confiance, et j'en ai presque honte.
  _ Je n'ai pas été capable de la tuer. Elle s'est enfuie.
  Comment leur dire que j'étais paralysé de peur et qu'une personne inconnue m'a sauvé la vie?
  Ils hésitent, même le plus âgé, avant de poser la question qui s'impose.
  _ Qu'est-ce? Un animal?
  On se tourne vers moi, et ce n'est pas comme si j'avais une vraie réponse à leur donner.
  _ Je ne pense pas que ce soit un animal. Aucun que je connaisse du moins. Et je ne pense pas qu'un animal agirait de la sorte. Vous avez vu le corps de la femme... Elle était encore en vie avant qu'il ne lui dévore le cou. Il faisait trop sombre, je n'ai même pas vu le visage de la femme, mais la silhouette de la créature était humaine... Et ses yeux rouges et lumineux comme du métal chauffé. Elle grognait comme un animal, mais son cri était un hurlement partiellement humain.
  _ Un monstre?
  Ma description n'est pas rassurante, cela se voit sur tous les visages, même celui de Jiono qui a pourtant déjà entendu le récit des évènements. La question est légitime, mais le terme trop général. Monstre, cela veut tout dire et absolument rien en même temps. Dans ce cas, oui, la créature est monstrueuse, mais le sens du terme suppose-t-il qu'un homme est à sa base? J'ai la tête qui tourne, la fatigue me ronge.
  _ Il est trop tôt pour savoir ce que c'est.
  _ Un esprit en peine, un esprit sombre...
  Fiana, toujours et éternellement la tête dans un autre monde, souligne peut-être un point que nous ne pouvons pas comprendre.
  _ Qui était la femme?
  Jiono est bien plus pragmatique.
  _ Une dame de la ville. Mina. Son époux est décédé, et elle n'avait qu'un enfant qui a quitté la ville il y a de nombreuses années. On ignore pourquoi elle était dehors à cette heure là. Tout le monde était effrayé, mais ils restaient libres de leur mouvement. L'homme d'il y a deux jours semble être inconnu. Mina était appréciée, et la peur va se répandre très rapidement.
  Son nom ne me parle pas, mais je l'avais sans doute déjà vu, sans m'en rendre compte. Je ne me sens pas très concerné par la mort même des deux personnes, mais je commence à avoir peur pour les personnes qui me sont proches. Si la créature s'en prenant à Jiono, Fiana? Elto? Ils ne seraient pas capable de...
  Mais je me force à ne pas réfléchir, et à ne tourner en rond. Cela serait stérile, et il y a plus important. Je n'aime pas mon état de fatigue qui m'entrave.
  _ Que pouvons-nous faire?
  Là, dans le vif du sujet, les deux hommes plus jeunes n'osent plus nous regarder dans les yeux, mais le plus âgé se redresse et prend la responsabilité.
  _ Nous sommes venus demander votre aide. Nous ne sommes pas capables de résoudre cette crise. Et nous ne voulons pas que la panique et la peur s'installent, et encore moins que d'autres meurtres aient lieu. Qu'il s'agisse d'un animal ou d'une autre créature, il faut la traquer et la tuer. Votre famille est toujours là pour nous, et nous vous remercions de votre dévouement.
  Voilà une demande presque formelle. Ou ce qui s'en rapproche le plus. D'accord. Je n'ai pas besoin de consulter les deux autres interpellés pour savoir qu'ils sont eux aussi pleinement d'accord. En tant qu'aîné, Fiana devrait répondre, mais elle ne le fera pas. Je prends cette responsabilité.
  _ Nous acceptons.
  Un mal de crâne monte, et je garde le silence lorsque les détails sont évoqués. Jiono prend le relai.
  _ Elle semble attaquer la nuit... Nous ne pourrons rien faire en journée. Dès que le jour montre des signes de déclin, nous serons dehors, à la traquer... Savez-vous si d'autres villes sont victimes de mêmes phénomènes?
  Il n'y a pas de ville avant plusieurs jours de marche, ce qui nous assure aussi la tranquillité qui nous est chère.
  _ Nous n'avons pas d'information à ce sujet. Que pouvons-nous faire pour vous aider?
  _ Protégeons les hommes des ombres...
  _ Fiana a raison, il faut que personne ne sorte une fois la nuit tombée. La créature se rabattra peut-être sur nous, et elle n'attaquera ainsi personne dans leur maison. Une porte ne s'ouvre pas facilement, et une alerte donnée rapidement pourrait nous permettre de nous rendre sur les lieux.
  _ Nous vous sommes redevables...
  Jiono balaye la remarque d'un geste de la main, et d'une certaine manière, impose le silence aux trois hommes qui ont bien quatre fois son âge. Ils comprennent d'eux-mêmes qu'ils doivent partir. Notre position est presque dérangeante... Juste avant qu'ils franchissent le seuil du salon, Jiono leur adresse une demande.
  _ Sans éveiller les suspicions malveillantes, pourriez-vous nous faire une liste des personnes qui viennent d'arriver dans notre ville, ces derniers mois?
  Ils acquiescent, et quelque part en moi, une sonnette raisonne. Mais je n'y prête que peu d'attention. Tous les trois seuls, nous n'échangeons pas une seule parole, et quelques instants plus tard, Fiana part pour tenir son cours. Moi, je monte dans ma chambre, m'allonger. J'ignore ce que fait Jiono, mais je sais que nous nous retrouverons en fin d'après-midi, pour partir en chasse.


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  Et voilà, un chapitre un peu transition, il en faut de temps en temps. On peut ne pas en vouloir, mais ces bestioles là sont coriaces!

  Soyez rassurés, le chapitre 5 est déjà écrit, et sera en ligne demain soir! (mais je ne compte pas vous habituer à deux chapitres par jour!)
  Pour ceux qui veulent être tenus au courant des nouveaux chapitres, j'ai mis un système de newsletter sur le blog. Cela dit, je fais pas confiance à ce truc là, alors si vous êtes comme moi, donnez moi direct un email, je ferais les choses manuellement!

  xantaste     at    gmail.com
  Xan

2 commentaires:

  1. finalement t'as réussi à la mettre la newletter ^^ pas évident ouais
    une chasse ? Mmh intéressant, mais qui sera le chasseur en réalité ? HAHAhahahahaha !!!
    -_-"
    désolé, overdose de crêpe bière et rhum.
    je l'adore de plus en plus Fiana, son côté mystérieux est un peu suspect

    Gali <== hey t'as vu ? j'ai signé =)

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  2. MDR, c'est vrai que c'est coriaces, ces petites transitions ! Mais on s'ennuie pas du tout, au contraire, j'en ai l'eau à la bouche (je sais, je dis toujours ça mais j'arrive toujours viongt ans après).

    Une traque et plein de mystère ^^ Mon cerveau surchauffe d'imaginer toutes les hypothèses (ben, vi, il a pas l'habitude de travailler et en 24 heures, il a travaillé plus qu'en un mois --")

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