Trio - Chapitre 6

Le chapitre 6! Ca fait trois ups cette semaine, je vous donne de mauvaises habitudes, mais j'espère tenir le rythme... J'ai besoin d'encouragements!!!

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   L'atmosphère est semblable à celle que l'on peut trouver lorsque l'on s'enfonce profondément dans une caverne. Le silence est omniprésent, amplifiant le moindre bruit naturel, la lourdeur de l'air, l'oppression, la peur de ce que chaque ombre peut cacher. Les maisons sont closes, les lumières sont basses, il n'y a pour l'instant que moi et la solitude.

  Je n'ai réalisé qu'après avoir laissé Alnia qu'elle courrait un danger elle-aussi. Elle sait se battre, mais elle reste une potentielle proie. J'aurais dû la mettre en garde, la supplier de rester dans la forêt, protégée. Et cela ne l'aurait sans doute qu'inviter à me suivre. Ce n'est pas une femme à qui on peut dire quoi faire.

  Je me force à avancer. Je suis passé à notre maison, mais ils étaient déjà partis. J'ai été absent pour mon cours. Je n'ai pas fait attention, et ma famille a dû s'inquiéter. Sont-ils partis à ma recherche? Depuis combien d'heures sont-ils dehors? Le temps que je quitte la forêt et que je regagne la ville, la nuit s'est installée. Il faut partir sur le principe que la créature est là, quelque part, et que nous sommes les cibles qu'elle traque.

  Je suis au lac, et tout est tellement calme... Jusqu'au point que nul vent ne trouble la surface de l'eau. Cette absence d'activité est à enrager. Je n'avais pas vraiment réfléchi où chercher la bête... Alors, rapidement, je me suis dit qu'elle reviendrait peut-être ici? Ou peut-être dans la zone où vivait la femme d'hier? Où était la maison de Mina? Je ne la connaissais pas, je n'ai pas de réponse!

  Je me mets à courir encore plus rapidement, tendant l'oreille pour percevoir le moindre son, mais cette méthode n'ayant aucun résultat, je finis par escalader une proche maison haute pour tenter de surplomber la ville. Mes bruits de pas sur le bois du toit doivent terroriser les habitants, mais je n'ai pas le choix. Je vois une ville morte, ou presque. Une poignée de feux parsèment laborieusement les rues. En tendant l'oreille, j'arrive à entendre quelques bruits sortant de l'ordinaire. Une chouette chante ici, non loin, un chien sauvage... Et un peu plus loin, j'entends des grognements, suivis d'un cri de force. C'est Jiono!

  J'ai l'impression de m'envoler au dessus de la ville. J'ai peur de perdre ma piste, alors je reste en hauteur et saute en pleine course de toit en toit. Tenez bon, j'arrive! Deux autres cris me font trembler les jambes. Je n'arriverai pas trop tard! Comme si je pouvais imposer leur sécurité par la pensée.,,

  Je les découvre dans une ruelle. Jiono et Fiana sont coude à coude, ils reculent face à une créature sournoise, qui avance à quatre pattes, presque rampante. L'un de ses bras avant est tordu selon un angle non naturel, mais elle ne semble pas s'en soucier. Jiono boite, et est soutenu par notre sœur. Je ne vois pas d'autre blessure, mais il est évident qu'ils sont dans une position d'infériorité.

  De l'autre côté de la ruelle, une ombre se révèle, discrète, silencieuse. Une seconde créature qui avance vers les dos offerts et inconscients de sa présence. Deux!!! Un souffle plus tard, je saute du toit et plonge sur la créature vicieuse. Je n'ai pas droit à l'erreur, et il faut que je profite de mon avantage. J'atterris littéralement sur le dos de la créature, qui rugit de surprise, et la plaque au sol, utilisant mon poids et appuyant des deux mains sur son crâne.

   D'aussi près, je les vois bien mieux. Humanoïde, oui. Et peut-être même plus? La créature n'est pas nue, elle porte des vêtements bien humain, et même si sa peau est craquelée sous mes doigts, autant que ses cheveux sont d'une texture repoussante, un éclair de lucidité me frappe. C'est un homme? Sans prendre le temps d'y réfléchir, je me concentre sur le danger.

  J'ai en quelque sorte sauvé Jiono et Fiana, mais je les ai distraits également. Ils se sont retournés vers moi et n'ont réalisé que trop tard que la première créature leur sautait dessus, tous crocs sortis. Ma sœur était la cible. Dans un sursaut plus dû à un réflexe qu'à une pensée cohérente, Jiono réagit, interposant un bras. Les crocs de la créature s'enfoncent profondément dans sa chair, et il hurle de douleur. Fiana est la première à réagir. Saisissant le haut du crâne de la bête d'une main et sa mâchoire de l'autre, elle force avec une violence souple la créature à relâcher sa prise, et lorsque cette dernière tente de la mordre à son tour, Fiana l'entraine au sol, utilisant la force de l'attaque pour qu'elle se frappe sur la terre. Relâchant sa prise, elle pivote sur elle-même et saisit une jambe, utilisant la synergie du mouvement pour la soulever et la jeter contre un mur. La créature hurle à son tour, et je sais qu'elle est blessée, et encore plus dangereuse.

  La mienne rue comme un sanglier entravé dans un piège. Mon poids ne va pas suffire à la retenir. Je m'isole du monde et réunis mes forces. Je n'ai plus qu'un bras qui maintient son crane au sol, l'autre est plié contre moi, le poing serré. Je crie, et le coup part. Sans me voir, la créature a senti le danger, et a réussi à s'écarter suffisamment. Mon poing lui frôle le crane, arrachant une oreille, et s'enfonce dans le sol. La créature hurle, et elle parvient à se dégager de moi. Folle de douleur, elle s'écarte, hurle à nouveau et s'enfuit comme l'éclair. L'étincelle de douleur humaine que j'ai vue dans ses yeux m'a profondément ébranlé.

  Ma famille est toujours menacée, et je la laisse s'enfuir. Me retournant, je vois que Jiono est adossé à un mur, Fiana le protégeant en déviant les attaques et en redirigeant la furie de la créature contre elle-même. Mais je la connais, je sais que cette technique à ses limites, et qu'elle fatigue. Invisible pour eux qui sont absorbés, je m'approche à pas de loup, réunissant force et courage. J'interviens après une attaque particulièrement vicieuse, que ma sœur n'est parvenue à dévier qu'au dernier instant, tombant pour sa peine. Au moment exact où la créature hurle sa victoire, je suis dans son dos, me colle à elle et immobilise ses bras avec les miens, les mains sur sa nuque, bloquant les mouvements de sa tête pour qu'elle ne puisse pas me mordre.

  Cette théorie se révèle plus difficile à maintenir en pratique. La force de la créature est immense, et malgré la supériorité résultant de ma prise, l'équilibre est précaire, et je sais que je ne pourrais pas la maintenir longtemps immobilisée. Je crie entre mes dents serrées.

  _ Jiono!

  Je sais qu'il comprend. Solidement campé sur mes jambes, je bloque tout mon corps pour créer la plus solide des chaines. Fiana se relève lentement, et Jiono se redresse du mur sur lequel il était appuyé. Du sang imbibe la manche de son vêtement, mais je le vois qui se concentre déjà, et qui lève son deuxième bras.

  La créature le voit aussi, et elle tente désespérément de libérer sa tête afin de me mordre. Pas question! Jiono se campe devant elle, et comme au ralenti, il ferme les yeux quelques fractions de seconde. Lorsqu'il les rouvre, ses pupilles sont couleurs or, et il crie lorsque son bras indemne cogne la poitrine offerte. Un craquement sinistre retenti, et je me sens projeter en arrière. Lorsque j'atterris, dos à un mur, je n'ai toujours pas lâché la créature, et je glisse au sol avec elle.

  _ Dirac!

  C'est la voix de ma sœur, et lorsque mon regard se focalise sur le sien, je vois l'anxiété dans ses yeux, expression si rare que j'en avais oublié l'aspect.

  _ Pas de soucis...

  Je me dégage de la créature et me relève lentement. Baissant les yeux sur ma prisonnière, je vois que sa cage thoracique est enfoncée, mais qu'elle bouge légèrement. La créature est mourante, c'est certain, mais elle respire encore. Je me penche vers elle, et ses yeux rouges, plus humain que jamais, suivent mon mouvement. Un faible grognement quitte ses lèvres d'où s'écoule un filet de sang.

  _ Qu'es-tu donc?

  La créature ne répond pas, elle tente de se soulever pour me mordre, mais je me recule par sécurité. Je la détaille plus encore, mais je ne vois qu'un homme défiguré, aux doigts décharnés, à la peau veineuse, tendue. Jiono me pousse sans ménagement, et avant que je ne puisse intervenir, ou même savoir si je voulais intervenir, il lève un pied, et l'abat avec un cri sur le torse meurtri de la créature. La cage thoracique déjà brisée s'enfonce pour de bon et cette fois, la créature s'immobilise.

  Je souffle de soulagement, toute la pression accumulée avant la rencontre retombant. J'évite de penser qu'il y avait une seconde créature, et qu'elle s'est enfuie. Nous aurons bien le temps de la traquer plus tard.

  _ Comment va ton bras?

  Fiana s'est relevée et s'est rapprochée de nous. Je me tourne vers Jiono, dont le visage est tiré par la douleur. Il lève le bras couvert de sang, et déchire la manche en serrant les dents. La morsure n'est pas belle, la chair est entamée profondément, l'os est peut-être touché.

  _ Ça fait un mal de chien...

  _ Il faut laver la plaie, et la panser.

  _ Fiana, accompagne le voir Elto, il pourra s'en charger. Passez au plus court, il reste une créature en liberté.

  _ Tu ne vas pas la traquer tout seul?

  Jiono ne veut pas me laisser derrière. Mais rassure-toi, je ne compte pas y aller.

  _ Non. Je vais prévenir le conseil qu'une créature est morte, et que le corps est ici. L'autre est blessée, même si non mortellement. Son instinct animal va la forcer à se cacher. Je ne la retrouverai pas.

  Du moins, j'espère sincèrement qu'elle n'attaquera personne. Sans un mot de plus, mais avec un échange de regard éloquent, ils s'éloignent et je reste en compagnie du cadavre. Je le fixe longuement, sans penser, sans vraiment le voir. Je me baisse sur lui une nouvelle fois, et je l'inspecte de plus près. Je ne vois rien de nouveaux, pas de marque distinctive, rien qui puisse me permettre d'en apprendre plus. J'ai beau regarder le visage, je ne ne vois que des yeux rouges, injectés mais morts, des crocs ensanglantés... Je détourne le regard, cela ne sert à rien. Homme? Bête? Je n'arrive pas à savoir. Cela n'a pas de sens.

  Je me relève et m'éloigne. J'ai presque des scrupules à le laisser comme ça à la vue de tous. Mais personne ne prendra le risque de sortir, c'est certain. Il me faut prévenir le conseil. Et je dois parcourir encore la ville, au cas où mon optimisme concernant la seconde créature soit exagéré.

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  Et voilà... Une de morte, une dans la nature... Y'en a-t-il plus? Qui sait...?

  Bon début de semaine à vous tous mes chers lecteurs adorés!

  Xan