Ici, vous trouverez Trio, un roman de Xan, qui fut publié entre janvier et mars 2010 sur www.xantate.com


jeudi 18 mars 2010

Trio - Chapitre 15

  Et voilà le 15, avec un délai un peu anormal... Désolé! C'est un chapitre long pour compenser.
  Bonne lecture!

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  La foret est baignée d'une lumière féérique. Le ciel matinal est radieux, d'un bleu doux, sans le moindre nuage. Le soleil y est roi, et on a l'impression qu'il en a toujours été ainsi, que rien ne peut le détrôner. Je le regarde, sur mon toit, pour la dernière fois.
  J'ai décidé de partir. Je ne veux plus qu'une chose, vivre, et vivre avec Alnia. Loin, très loin, là où personne ne nous connait, où nous sommes des étrangers, et où nous le resterons. Juste tous les deux, à l'écart de toute violence, de toute potentielle agression. Là où nous serons en paix, à notre rythme, selon notre définition, ni plus, ni moins. Je ne prétends pas l'aimer, par encore, mais je l'ai dans la peau. Rapidement, j'ai compris que je ne pouvais m'en défaire, qu'elle était là pour moi, qu'elle était l'écho que je ne me savais pas chercher. Lorsqu'elle me regarde, quelque soit la couleur de ses yeux, elle me voit, bien plus que n'importe qui, et je me vois dans son regard. Oui, je suis sous son charme, mais surtout sous le charme de ce que nous pouvons créer ensemble. J'étais vide, je n'avais pas d'autre but que de survivre un jour pour pouvoir vivre le lendemain. Maintenant, je veux vivre le jour même, je ne veux pas attendre, je ne veux pas m'infliger la patience, le contrôle, la raison. Aujourd'hui, c'est aujourd'hui que je respire, que je veux être en sa présence, que je veux partager le contact de nos corps, de nos passions. Je sais que ce n'est pas encore de l'amour, mais bel et bien de la passion. L'amour se construit doucement, lentement, sur la longueur. C'est un danger, car il remplace de son habitude la véritable raison de sa naissance. Moi, je veux l'aimer, dans son intégralité, et je veux lui faire l'amour avec la même passion, jusqu'à ce que nos cœurs s'arrêtent de battre, que la vieillesse nous terrasse. Et encore, je ne peux pas croire que nous ne puissions la convaincre de nous épargner, que la mort soit suffisamment forte pour nous prendre, nous détruire, nous séparer. Tous les deux, nous ne pouvons être qu'immortels. Je ne vois pas d'autres possibilités.
  Elle dormait lorsque je l'ai laissée. Épuisée par nos échanges, et par son corps qui devait se régénérer. Ses blessures s'étaient résorbées au fur et à mesure que les heures passaient, que nous partagions notre intimité. Lorsqu'elle s'est endormie, je suis resté à la regarder, le sommeil me fuyant. Et c'est là que j'ai pris ma décision. Elle avait raison, bien entendu, nous devions partir, elle et moi, ensemble, et laisser ce monde mortel derrière nous.
   Mon frère? Pas d'importance. Le mal existe, quel que soit son visage. Bien que Jiono soit plus fort que tous, un jour, quelqu'un viendra le tuer, et y parviendra. Cela ne me concerne plus. Notre famille s'est effondrée, c'est comme ça. Ma sœur? Elle reste, elle est encore présente pour malgré tout perdurer nos traditions. Moi, je n'ai plus envie, je n'en ai rien à retirer. Oui, j'ai toujours été le plus fort, mais justement, j'ai toujours été trop fort, mon cœur, contrôlant mon démon, n'était pas pur, n'était qu'un semblant, qu'une façade, qu'une chimère. Oui, j'ai voulu que nous restions tous les trois ensemble, je l'énonce sans rougir, mais désormais il n'y a plus de trio, il n'y a plus d'entité liée. Jiono est devenu un être sombre, moi j'ai toujours été gris et le resterai. Fiana est blanche, ne sait être autre chose. Voilà, ma sœur! Voilà ce que tu dois faire, et te voilà à la tête de notre héritage. Fais ce qui te semble juste.
  Je suis revenu une dernière fois à mon ancienne maison pour lui dire au revoir. Peut-être ne devrais-je pas... Mais, c'est le dernier lien qu'il me reste. Je ne traquerais pas Jiono, je n'ai plus aucun intérêt pour lui. Fiana, juste un peu encore, et mon adieu doit briser à tout jamais ce lien. Tu resteras dans mon cœur, quelque part, comme l'écho d'un souvenir, mais la vie qui m'attend n'a de place que pour une seule personne. Alnia...
  Peut-être suis-je fatigué au final, car lorsque j'émerge de mes pensées, le soleil est haut, et je réalise que je viens de somnoler. Je me sens immédiatement agité, et je sais pourquoi. Elle n'est pas là à côté de moi, et je ne suis pas tranquille. Je ne veux pas qu'elle se réveille sans moi, je ne veux pas qu'elle passe de temps sans moi à ses côtés, et je ne veux pas connaître un instant de vie sans elle, maintenant qu'elle est à moi.
  J'entends un cri qui provient de l'intérieur de mon ancienne maison. Un cri de terreur, et un hurlement de douleur, suivi du silence. Un silence qui ne peut être que celui de la mort. Quoi? Qui? Comment? Je suis déjà debout, je me suis tourné vers la fenêtre qui mène à l'intérieur. Mais non, je ne m'avance pas. Je refuse de m'avancer. Je connais ce genre de cri, de système de communication. Je l'ai découvert ces derniers jours. Un homme vient de mourir. En quoi cela me concerne-t-il? Un homme, il y en a des centaines, des milliers. Tous les hommes meurent un jour ou l'autre, par vieillesse, par violence, quelle différence? Un de plus, un de moins... Je sais qu'il reste des bêtes qui tuent, tout autant que des êtres humains qui sont eux aussi capables de tuer. En quoi cela me concerne-t-il? Mais ces cris, que je viens d'entendre dans ma maison... Ils sont bien plus que la mort d'une personne inconnue. J'ai peur.
  J'ai peur, mais pourtant mes pieds me portent d'eux-mêmes, je n'arrive pas à les retenir. Pourquoi est-ce que j'y vais alors que je crains ce que je vais trouver? Que je crains pour ma vie, pour la voie que je veux prendre. Alnia! Viens, arrête-moi! Ne me laisse pas aller au delà de ce que je vais trouver. Je t'en supplie! Je veux tellement de choses avec toi, ne le vois-tu pas? Où es-tu? Je n'aurais jamais dû revenir, je n'aurais jamais dû te quitter! Mais pourquoi est-ce que j'avance dans ces couloirs qui ne sont plus les miens, où chaque planche de bois est un souvenir fade, un rappel de ma précédente vie, où je n'avais pas d'importance, où je n'avais pas de but, où je ne soupçonnais pas ton existence.
  Lorsque ma main se pose sur la porte de la salle d'entrainement, je sais, je sais vraiment, que je commets une erreur, la plus importante et la plus grave de toute ma vie. Mais alors pourquoi donc est-ce que je sens mes muscles se contracter et la porte s'ouvrir? Comment peut-on avancer au delà de sa propre perte, de son chaos? Car c'est bien ça que je visualise, maintenant, une attirance vers le chaos, une spirale puissante, bien plus puissante que tout ce que je pourrais contrer par la volonté. Et pourtant, ma volonté est plus qu'un désir, c'est une certitude.
  La pièce est éclairée de toute part, les fenêtres sont grandes ouvertes. Cela rend la situation encore plus surréaliste. La lumière baignant la salle d'entrainement est si forte que je plisse les yeux. Qu'est-ce que toutes ses masses au sol? Immobiles? J'oublie la lumière et mes yeux s'ouvrent pour de bon. J'ai l'impression que mon visage tombe, tellement il me tire. Ce sont des corps. Il y a des corps partout, du sang à profusion. Le liquide vital est tellement plus voyant encore avec la lumière du soleil, tellement rouge qu'il semble lui-même lumineux. Par flaque, il est présent, ressortant sur le bois foncé comme le reflet d'une lune sur l'eau en pleine nuit. Aucun des corps  ne bouge. Ma sœur non plus.
  Je viens de réaliser sa présence. Elle est dans le fond de la salle, assise en tailleur, les yeux fermés. Je sais qu'elle médite. Son visage, spécifiquement la zone de la bouche, est recouvert d'un liquide rouge, de sang, et des bouts de chair pendent de ses lèvres, comme des fils qui se seraient pris entre ses dents. Son visage serein contraste tellement avec l'ensemble que j'ai durant un instant un doute sur son identité. Non, c'est pourtant bel et bien elle. Je regarde à nouveau les hommes morts. Ils sont une bonne dizaine. Je crois en reconnaitre un, l'une des personnes qui vient suivre les cours de ma sœur. Une partie de son épaule est manquante. Un autre, que je ne reconnais pas celui-ci, et pour cause, son visage est déchiqueté, baigne dans une marre de sang. Un autre ici, est mort de terreur au vu du rictus déformant son visage. Un autre encore, il lui manque un bras, que je ne vois pas d'où je suis.
  _ Fiana?
  Elle ne réagit pas. Elle n'a pas pu ne pas m'entendre cela dit. Je la regarde, puis revient une dernière fois sur le carnage. Elle est devenue folle, elle est contaminée? Il n'y a pas d'autre explication, pas d'autre possibilité. La maison Gina est donc morte, pour de bon... Je la regarde, je m'imprègne de son aspect, et alors qu'elle ne peut me voir, je lui souris. J'ai froid, j'ai peur, mais je ne peux rien faire. A quoi bon? Ce n'est plus mon monde, je le sais. Je veux le savoir. Pour me le prouver, je tourne les talons, et m'apprête à franchir les portes lorsqu'elle m'arrête.
  _ Je ne peux pas te laisser partir comme ca, Dirac.
  Je ne me retourne pas tout de suite. Un torrent froid me frappe, et mes muscles ont presque mal face à l'assaut. Je reste immobile un moment, avant de lui faire face à nouveau. Elle s'est levée, ses yeux sont ouverts et braqués sur moi. Ils ne sont plus qu'une perversion de ceux que j'affectionnais, de ceux qui étaient toujours perdus dans le vague, dans la contemplation de ce que personne d'autre ne pouvait voir. Ceux qui sont dirigés vers moi sont maintenant intégralement jaunes, peut être avec quelques variations d'intensité du centre à la périphérie. Une chose est sûre, son regard est déstabilisant à plus d'un titre.
  Je lui souris une nouvelle fois, et je lève les bras pour montrer la pièce et le carnage.
  _ Tout ca, ces morts, toi, ne me concernent plus. Ma vie est ailleurs...
  _ Ta vie est avec ta famille. Rien d'autre n'a d'importance.
  _ Je ne fais plus partie de cette famille. Cette famille n'existe plus. J'ai pris le choix de vivre autre chose.
  _ La famille ne t'a pas donné l'autorisation de partir. Je suis l'aînée, tu n'as pas le choix. Tu dois me protéger, tu dois protéger nos traditions, nos descendants.
  _ Nous n'avons pas de descendant, nous n'en aurons pas. Regarde-toi, tu n'es plus humaine.
  _ Qu'importe ce que je suis, tant que je sois libre. C'est un cadeau en vérité, un don qui nous est fait. Jiono l'a compris lui aussi. Même si je ne l'avais pas compris, il nous a transmis cette offrande. Je l'ai reçu, et toi, tu ne peux qu'obéir à mes ordres. Il va te falloir accepter le don.
  _ Je n'ai de don à recevoir d'aucun d'entre vous. Je ne t'empêcherais pas de vivre comme tu es maintenant. Mais si tu viens m'imposer une autre voie que celle que j'ai choisie, tu comprendras pourquoi j'ai toujours été le plus fort de nous trois. Et j'ai quelque chose pour quoi me battre désormais.
  Je la vois porter les mains à son ventre, et son visage se durcir. Dans un premier temps, je reste là à regarder ce geste, sans comprendre.
  _ Moi aussi j'ai quelque chose qui est plus important que moi-même.
  Je crois qu'elle a mal, que ce que lui a fait Jiono la veille est toujours une plaie ouverte, et que autant mentalement que physiquement, elle souffre. Bien que je me sente étranger à cette douleur, je peux comprendre.
  _ Je porte l'avenir de la famille en moi.
  Et là... Mon esprit se vide. Complètement. Je reste à la regarder, sans réfléchir, sans en avoir même conscience. Puis, comme un feu, une succession d'image s'impose. Jiono comme je le connaissais, Fiana, Elto, Fiana brisée la veille, violée par notre frère, tenant Elto mort dans ses bras. Et maintenant, ses mains posées sur son ventre.
  Je recule de quelques pas, jusqu'à ce que mon dos cogne contre la porte. La nouvelle génération, fruit de ma sœur et de mon frère?
  _ Non...
  _ Si. Et tu dois nous protéger, tu dois protéger le fruit de mes entrailles, la consécration de notre famille, un membre qui sera plus puissant que chacun d'entre nous. Aujourd'hui, je suis plus forte que je ne l'étais, mais lorsque mon enfant aura pris de l'importance en moi, je ne pourrais plus lutter pour sa vie, et toute agression extérieure sera une menace pour lui. Cela n'est pas envisageable!
  Je voulais me libérer de tout ca, de la folie humaine, en vivant ailleurs, en solitaire avec Alnia, laissant derrière toutes les peines et douleurs, toutes les agressions.
  Est-ce que je peux laisser cet être qu'est ma sœur engendrer cet autre être qui sera plus fort, un démon à part entière? Armé à la fois de la folie, de la force de ma famille, et de la moralité d'un démon, combinaison d'êtres pervertis... Les hommes ne s'en sortiraient pas. Et plus important encore, je serais moi-même traqué, car si je pars aujourd'hui en laissant derrière moi ce monde, je deviendrai un traite à ses yeux, et un jour, cet enfant qui sera devenu adulte, viendra pour moi et pour ma compagne.
  Elle insiste.
  _ Attaque-moi. Essaie donc de me battre. Tu comprendras le pouvoir que je peux te transmettre, et tu te joindras à moi. Pour la gloire de notre famille.
  C'est vraiment ce que tu veux? Que l'on se batte et que tu me convertisses? Cela ne rime à rien...
  En moi, je sens un flux de force, d'énergie, une circulation, comme si je pouvais sentir mon sang presque bouillonner. Dans ma poitrine, une chaleur s'étend. Je sais que je connais cette sensation. C'est mon propre démon, la violence en moi, qui tente de s'exprimer. Je t'ai réprimé depuis tellement longtemps, je ne tiens pas à te libérer maintenant... Mais est-ce que je peux te faire confiance, est-ce que tu peux me faire assez confiance pour que nous formions une alliance. Suis-je désormais assez fort pour te résister, et pour que tu m'apprivoises?
  _ Je ne tiens pas à te combattre, mais tu ne me laisses pas le choix. Ma vie est désormais indépendante de la famille, je suis un discipline de Gina, mais je serais le tombeau de mon savoir. Ma vie est ailleurs, est avec ma compagne, exclusivement, solitairement. Tu ne parviendras pas à m'arracher à cette voie.
  Le dernier sourire qu'elle m'adresse ne m'atteint pas. Je me mets en position de combat, et une nouvelle fois, tout l'univers se transforme. Mais cette fois, je tiens à garder les rennes, à connaitre la direction. Alnia, pour toi!
  Elle se baisse sur l'un des corps au sol, et y pose les mains. Les yeux fermés, elle reste immobile. Que fait-elle? Je le comprends bientôt, alors qu'elle se relève, et qu'elle soulève le mort, pour le projeter sur moi. La masse me fait reculer sous son poids, et mon réflexe de le rejeter est planifié, bien évidement. Fiana a glissé sur le côté, et elle me griffe le flanc, ses doigts comme les lames d'une fourche acérée, traversant mon vêtement comme s'il s'agissait de brume. Elle est derrière moi et me frappe à la nuque. Je perd l'équilibre et tombe à genoux. Elle me tient le cou, et je sens ses griffes sur ma gorge, près à frapper. Ma main faillit, et attrape le poignet afin de le retenir. Elle ne veut pas me tuer, je pense l'avoir compris, mais elle et son enfant passent avant tout. Si elle sent qu'elle ne pourra pas me changer, elle me tuera. Moi... Qu'est ce que je veux moi? Je le sais, je n'ai pas le courage de me l'avouer, mais je le sais.
  De la prise je la force à s'écarter, et l'entraine au sol, roulant avec elle pour l'immobiliser. Elle est plus vive que moi, et alors que je devais la retenir, c'est elle qui est au dessus de moi. J'ai un bras de libre, et je frappe. Son visage. Je frappe si fort qu'elle est soulève de moi, du sol, et atterrit deux mètres plus loin. Comme un animal, elle se rétablit à quatre pattes et recule en montrant les crocs. Sur son visage tordu en une grimace, du sang coule. Mon poing est douloureux, mais j'ai pu la blesser, je vais pouvoir faire plus. Et elle vient de s'en rendre compte.
  Trop rapide, elle se jette sur moi. Je roule sur le côté pour l'éviter, mais elle attaque à nouveau. Elle me plaque le ventre au sol, et saisit mes cheveux à pleines mains, me frappant la tête contre le sol. La violence du mouvement me fait mal au cou, et mon crâne devient plus lourd que de l'acier. J'attrape ses mains des miennes et tente de retenir le mouvement. Elle crie, et se penche sur moi. C'est trop tard. Lorsque je sens les crocs s'enfoncer dans mon avant bras, c'est comme si le temps ralentissait. Je hurle à mon tour, je l'entend, de douleur, de peur, de refus, de colère. Et je ne suis pas le seul à hurler. En moi, mon démon se réveille. Lui aussi a peur, je le sens même si j'ignore pourquoi. Et, en l'espace que quelques instants, d'un fragment de seconde, nous nous comprenons, nous tombons d'accord sur un point. Vivre libre.
  Lorsque les crocs se dégagent de ma chair, tous mes muscles se tendent. Je me soulève, et entraine ma sœur en même temps. Surprise, elle ne doit pas savoir comment réagir. Je recule, et serre les dents, elle ne se libère pas de sa prise. Le choc sur le mur est très violent, je sens le corps qui me protège se plaindre, au delà du cri de douleur qui accompagne. Je sens que Fiana glisse de mon dos, et j'en profite pour me retourner. Je dois en finir, avant que le poison m'attaque l'esprit et me transforme. Je vise sa tête, mais mon poing s'enfonce dans le bois derrière alors que son réflexe lui sauve la vie. Elle  saute sur moi, attache ses jambes autour de ma taille, ses bras autour de mon torse, et plonge ses crocs à la base de mon cou. La douleur est fulgurante, et mon sang s'écoule dans tous les sens.
  S'en est trop. Je lui attrape les cheveux et tente de la retirer. Elle ne bouge pas, mais sans me manger la chair, elle boit mon sang. Je glisse mes bras entre nous, et mes doigts attaquent son ventre. C'est son point faible. Elle se recule et se décolle de mon cou. Mes doigts s'enfoncent dans sa peau, et même si les muscles font barrage, je suis capable de passer outre. Et elle le sait. Elle déplie bras et jambes avant de s'écarter, et durant le bref moment où elle recule, où elle protège son ventre de mes doigts en l'éloignant, je frappe. Du poing, en criant, en canalisant ma propre force ainsi que celle de mon démon. J'ai la tête qui tourne avec les deux blessures et le sang que je viens de perdre, mais toute mon énergie, je la mets dans mon mouvement. Mon corps se tend, s'avance pour donner plus de portée, et mon bras claque comme une corde. Mon poing frappe le ventre de ma sœur, si fort qu'elle est projetée contre le mur, à nouveau. Mais cette fois, il n'est plus question de contre attaquer. Je sais que j'aurais brisé un arbre de bel âge avec cette frappe, même si je m'étais également brisé la main. Mais là, c'était de la chair, même musclée, même renforcée par une force surhumaine. Non, non, de la chair, et tout ce qui est à l'intérieur. Ma sœur, dos au mur, me regarde, moi qui n'ai pas bougé, qui ai gardé la position de la frappe. Je vois l'incrédulité, puis la douleur naître sur elle, en elle, et le voile recouvrir ses yeux. Lorsqu'elle crache du sang, en quantité excessive, je sais que j'ai réussi. Dans cette quantité, il y en a beaucoup à moi, qu'elle vient de me prendre, mais il y en a aussi à elle, d'une blessure interne. Elle se penche sur elle-même, le visage baissé, ses bras barrant son ventre comme pour le protéger, mais la blessure est à l'intérieur. Lorsqu'elle relève les yeux vers moi, ses yeux jaunes, de la folie s'y manifeste.
  _ Tu n'as pas réussi. Tu es trop faible. Mais tu m'as fait réaliser que ce n'est pas toi qui doit me protéger. C'est le rôle de son père.
  Ces quelques mots sont violents, mais ils ne sont pas la raison pour laquelle je pose un genou au sol. J'ai la tête qui tourne. Je veux pousser sur les jambes pour me redresser, mais je n'y arrive pas. Fiana n'est plus devant moi. Elle se sert du mur comme appui pour avancer, la démarche laborieuse. Elle s'éloigne. Moi, je n'arrive pas à me relever. Je ne perds pas conscience, mais je n'arrive pas à reprendre le dessus. Les deux morsures me brulent plus qu'elles ne devraient. Je crie, mais seul un râle m'échappe. Elle ne doit pas partir!
  Une bonne heure plus tard, j'arrive à peine à me relever. Mon sang ne coule plus, il a séché sur ma peau, sur mes vêtements. Ma tête ne tourne plus, mais je suis chancelant. Dans mes veines, je sens le poison. Ma sœur aurait-elle finalement gagné?


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  Je vous avais dit, un long chapitre!
  Alors?
  Oui, il y a eu plus de 10 jours depuis le dernier, je m'en excuse. Mais pour tout vous dire, je voulais avancer un peu dans l'histoire, pour regler certaines choses... Donc, le 16, 17 sont déjà prêt, et le 18 très bientôt. Je ne vais pas les mettre tous en même temps non plus, un soupçon de patience!
  J'ai bien aimé écrire celui-ci, même si j'ai eu un peu de mal avec le début, car je n'étais pas certain dans quel sens présenter les évènements, au final, j'ai la voix de ce héros qui apprend à vivre en quelques jours, à la fois dépassé par les évènements, égoïste mais malgré tout...
  Qu'en pensez-vous?

  Xan

1 commentaire:

  1. égoïste c'est le mot ! je le trouvais même un peu lâche au début ! mais au final peut-être que non ... arff c'est un gars bien trop difficile pour moi !
    Bref, Fiana je l'adore maintenant XD elle s'est prit une sacré raclé par contre
    Bon, on sait tout de suite que Dirac va tuer son frère et sa soeur ... mais va-t-il devenir un monstre lui aussi ? Mmh, j'aimerais bien que non, j'aime bien le couple qu'il forme avec Alnia en étant humain =)
    On sent que le chapitre est effectivement lent au début, mais tu te rattrape bien =)
    c'est l'un de mes préférés je dirais <3

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